Cinq défis, cinq bons coups à souligner

Publié le 21/09/2013 à 00:00, mis à jour le 19/09/2013 à 10:25

Cinq défis, cinq bons coups à souligner

Publié le 21/09/2013 à 00:00, mis à jour le 19/09/2013 à 10:25

Les municipalités du Québec ont d'importants défis à relever. Voici des exemples d'initiatives mises en oeuvre par cinq d'entre elles pour y arriver.

PÉNURIE DE MAIN-D'OEUVRE

Drummondville ratisse large pour embaucher

La région du Centre-du-Québec aura 21 000 postes à pourvoir d'ici 2016, dont 18 000 pour remplacer les départs à la retraite. Une bonne partie de ces postes seront concentrés à Drummondville, la plus grande municipalité de la région.

La demande à Drummondville pourrait même s'accroître, en raison de la construction en cours du centre de foires, qui devrait créer des besoins en hôtellerie et restauration, et de l'installation d'un campus de l'UQTR (Université du Québec à Trois-Rivières), prévue en 2015.

Aujourd'hui, la ville ratisse large pour recruter du personnel. «Chaque jour, 3 000 personnes viennent de l'extérieur travailler à Drummondville, explique Alex Bussière, commissaire à l'emploi et à l'immigration à la Société de développement économique de Drummondville (SDED). J'ai des collègues qui viennent de Beloeil, Trois-Rivières, Sherbrooke...»

Mais ça ne suffit pas. La ville ne relâche donc pas la pression pour assurer à ses entreprises et établissements (l'hôpital, notamment) la main-d'oeuvre suffisante. Participation aux comités de reclassement de la région pour tenter de convaincre des travailleurs licenciés de venir à Drummondville, organisation de formations («Êtes-vous un employeur de choix ?», investir dans la santé de ses travailleurs, etc.) visant à aider les entreprises locales à être attractives : les actions sont multiples.

La plus importante d'entre elles reste le Défi emploi Drummond qui a lieu tous les deux ans depuis 1998. Le prochain se déroulera les 27 et 28 septembre.

Il mettra en contact environ 3 500 candidats et une cinquantaine d'employeurs de la MRC, qui auront un millier d'emplois à pourvoir. Une banque en ligne de candidats est ouverte et le restera, pour la première fois, un mois après la foire. Les entrevues sont réalisées sur place, tout comme certains tests, histoire de ne pas manquer d'occasions.

Toutefois, le bassin québécois ne suffit pas à combler les besoins. Drummondville déploie donc d'autres efforts en dehors des frontières canadiennes.

Depuis 2009, la SDED, partenaire du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles concernant l'organisation de missions de recrutement à l'étranger, se rend en Europe deux fois l'an. Elle se fait accompagner de trois ou quatre entreprises ou en représente d'autres afin de recruter des employés à Paris, Bruxelles ou Barcelone. Grâce aux atouts de la ville - qualité de vie et position centrale au Québec -, une trentaine de travailleurs (pâtissiers, fleuristes, chimistes, tôliers, ingénieurs, infirmières) sont déjà venus s'installer à Drummondville, et le taux de rétention est bon. De quoi motiver la SDED à poursuivre ses efforts.

DIVERSIFICATION ÉCONOMIQUE

Shawinigan : de l'industrie lourde aux jeux pour mobile

La semaine dernière, la Station du numérique de Shawinigan a vu le jour. Et ce, avant même la fin de l'aménagement de ses locaux ! La première entreprise du centre d'excellence pour le développement du jeu social et mobile, YourExtraLife (YEL), créée par quatre jeunes entrepreneurs et auteure d'un jeu sorti récemment sur l'AppStore, s'est installée dans le Centre d'entrepreneuriat Shawinigan (CES), où la Station sera mise en place. Un symbole, en quelque sorte, du succès des efforts de diversification économique de Shawinigan depuis plusieurs années.

À la fin de 2007, après plus d'un siècle d'activité dans la ville, l'usine Belgo de la papetière AbitibiBowater fermait, mettant à pied plus de 500 employés. «Personne n'avait vu le coup venir. Ça a été un électrochoc», se souvient Luc Arvisais, directeur général du CLD de Shawinigan. Aujourd'hui, la ville attend la fin annoncée des activités de l'usine de Rio Tinto Alcan. Les premières salles de cuve ont été fermées il y a une quinzaine de jours. «Un pan de l'histoire de la ville se clôt», souffle Luc Arvisais. Mais cette fois-ci, Shawinigan ne s'est pas laissée surprendre. Sa diversification économique ayant été amorcée à la fin des années 2000, elle a les reins plus solides. Même si la perte de plus de 400 employés est un coup dur pour la ville de 51 000 habitants.

Aujourd'hui, la renaissance de Shawinigan a pour cadre le site de l'usine Wabasso, fermée dans les années 1980 et transformée en entrepôt jusqu'en novembre dernier. Tout un symbole de reprise en main, par la ville, de son destin. C'est dans le «vaisseau amiral», un bâtiment de 140 000 pi2, que se sont installés le Centre d'entrepreneuriat avec son incubateur et son «motel industriel», bientôt rejoints par la Station du numérique. Les fers de lance du nouveau développement économique de Shawinigan.

Sans oublier son passé marqué par l'industrie lourde, la ville enracine son développement dans la transformation des métaux. Celle-ci côtoie l'efficacité énergétique et les technologies vertes, grâce notamment à plusieurs centres spécialisés (CNETE, centre de recherche d'Hydro-Québec et C3E) dans les composants électroniques et électromécaniques et... dans les jeux sociaux et mobiles.

«On a voulu s'appuyer sur une entreprise existante - Alchemic Dream, qui offre ses services de traduction et d'adaptation de contenus aux sociétés désireuses de vendre leurs jeux à l'étranger - pour créer une expertise à Shawinigan et attirer d'autres entreprises du domaine», explique Luc Arvisais. Des projets sont en discussion pour constituer, peut-être, une grappe du jeu mobile à Shawinigan. Comme pour dire que la transition a été réussie.

CONCURRENCE INTERNATIONALE

Un OVNI dans le ciel de Beauharnois

Alors que Beauharnois-Salaberry visait des entreprises du domaine industriel chimique et métallurgique, des secteurs qu'elle connaît bien, un OVNI s'est présenté. Au plus grand bonheur de la municipalité, qui ne l'avait pas vu venir. En 2011, OVH, un hébergeur de sites Internet français, qui compte 700 employés dans le monde, s'est montré intéressée par l'achat des installations en friche de Rio Tinto Alcan.

Tout juste un an après avoir lancé ses activités au Québec, le site compte 25 employés, majoritairement des techniciens. «D'après nos prévisions, ils seront 125 d'ici cinq ans», affirme Benjamin Bongoat, conseiller à la communication d'OVH pour l'Amérique du Nord, où la firme étend son marché.

Avec sa vingtaine d'entreprises internationales installées sur son territoire, le secteur Beauharnois-Salaberry affiche sa volonté d'accueillir des filiales internationales. «C'est un pilier de notre économie», reconnaît Joanne Brunet, directrice générale du CLD Beauharnois-Salaberry. Investissements élevés, besoins en sous-traitance, emplois diversifiés et qualifiés : l'implantation de firmes internationales représente souvent une forte valeur ajoutée.

L'atterrissage d'OVH a été une excellente nouvelle pour la ville, qui a dû réinventer son avenir après la crise du secteur manufacturier de 2006-2007. Elle avait alors été touchée de plein fouet par la réduction draconienne des activités ou la fermeture pure et simple de plusieurs grandes entreprises.

Galvanisé par l'implantation d'OVH, mais aussi de grands noms internationaux présents depuis plus longtemps, comme Bonduelle, Glencore ou Goodyear, Beauharnois-Salaberry n'a pas ménagé ses efforts pour attirer les grands industriels de ce monde. «Nous avons remis à niveau nos parcs industriels, libéré des terrains, aménagé des infrastructures», décrit la directrice.

Les projets sont maintenant lancés et les activités fourmillent. Un nouveau quai au port de Salaberry-de-Valleyfied est projeté. La compagnie de chemin de fer américaine CSX investira 100 millions de dollars dans la mise à jour de ses installations. On prévoit aussi la construction d'un centre intermodal à Valleyfield. Cerise sur le gâteau, le prolongement de l'A30, ouverte en décembre dernier, est venu donner un coup de pouce considérable à la région, jusqu'alors enclavée. «C'est notre planche de salut», lance Joanne Brunet.

Port, chemin de fer, autoroute. Proximité de Montréal. Parcs industriels vastes et rénovés. La région aura bientôt tous les atouts pour attirer d'autres filiales internationales. Et pas seulement dans l'industrie lourde. Beauharnois travaille déjà, selon Joanne Brunet, à «greffer d'autres entreprises technologiques à OVH». Une nouvelle ère commence.

INNOVATION

Trois-Rivières mise sur les technologies

Des étudiants qui quittent la région pour trouver des emplois dans leurs branches, un secteur traditionnel des pâtes et papiers en perdition, la fermeture d'entreprises industrielles, trois centres de transfert technologique sous-exploités. Tout était réuni pour que Trois-Rivières se lance dans l'innovation et l'économie du savoir, un domaine jusque-là peu présent dans son tissu industriel.

C'était il y a moins de 10 ans. Aujourd'hui, la ville attire des activités de pointe prometteuses. Son Parc Micro Sciences, qui se consacre à la technologie, accueille depuis 2009 un incubateur équipé de laboratoires divers, qui a vu passer une douzaine d'entreprises et en abrite neuf. Un deuxième incubateur - fruit d'un investissement de 10 millions de dollars - sera construit en 2014 pour répondre à la demande. Déjà, plusieurs entrepreneurs, diplômés universitaires trifluviens, se sont installés dans l'incubateur à l'initiative d'Innovation et développement économique Trois-Rivières (IDE Trois-Rivières), maître d'oeuvre de ces orientations économiques.

Plusieurs projets de R-D sont en cours. Le dernier en date : Sea Star Solutions, qui conçoit des systèmes embarqués de navigation pour les bateaux de plaisance, a ouvert une cellule de R-D à la fin de l'hiver dernier.

«On voulait se positionner pour ne pas être en concurrence avec d'autres villes qui ont, elles aussi, choisi l'innovation comme axe de développement majeur, explique Yves Marchand, directeur général de l'IDE Trois- Rivières. Il y avait déjà Saint-Hyacinthe dans l'agroalimentaire et Sherbrooke dans le biomédical, par exemple. On a donc choisi des créneaux distincts.»

En s'appuyant sur le tissu existant des PME, on a privilégié les secteurs des bioprocédés industriels, des bionettoyants, de l'électronique, de l'environnement et des télécommunications. Si les deux premiers ont été particulièrement représentés au début du processus, «c'est aujourd'hui assez bien équilibré entre tous les secteurs», affirme Yves Marchand. Des conseillers en innovation sont aussi présents dans l'incubateur pour guider les jeunes entreprises.

Outre l'hyperspécialisation choisie par Trois-Rivières et ses infrastructures, son cadre de vie achève généralement de convaincre les candidats à l'installation. «Le parc technologique est situé dans un beau milieu environnemental avec des pistes cyclables, une salle d'entraînement. Le bâtiment a été construit selon les critères LEED», ajoute le directeur. Des arguments porteurs pour la génération Y.

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

L'Assomption optimise chaque mètre carré

Le fabricant d'électroménagers Électrolux doit cesser son activité à la mi 2014 à L'Assomption, et laissera probablement ses installations vacantes. La MRC s'apprête déjà à chercher un repreneur. Et elle entend bien le sélectionner selon les critères de son nouveau schéma d'aménagement. En décembre dernier, elle a été la première agglomération québécoise à adopter son schéma de développement et d'aménagement du territoire de troisième génération. Le maître mot : «Que chaque mètre carré soit utilisé de façon optimale», résume Denis Fafard, directeur de l'aménagement et de l'environnement à la MRC de L'Assomption.

Pour pouvoir s'installer dans la MRC, les futures entreprises devront faire en sorte que le rapport entre surface occupée et nombre d'emplois soit le plus intéressant possible (halte aux entrepôts, par exemple).

Tous les secteurs sont scrutés à la loupe. Il faut dire qu'avec 120 000 habitants répartis sur 255 km2, on manque de place à la MRC de L'Assomption... Il n'y a presque plus de terrains disponibles pour accueillir des entreprises et de nouvelles habitations, ni pour relocaliser les firmes installées dans la zone industrielle située au coeur de Repentigny qui subissent la pression des résidences construites aux alentours, ces dernières années.

La solution : la densification. Plus le choix. Fini le développement à l'horizontale. Il n'est plus possible de prendre ses aises dans de nouvelles maisons unifamiliales avec grand jardin. La construction de tours de condos est maintenant envisagée.

Plus de place pour laisser des terrains non exploités. «Avant, la mentalité, c'était l'expansion. Maintenant, on est obligés de passer à une autre étape : l'optimisation», explique Denis Fafard.

Plutôt que de construire de nouveaux centres commerciaux, des entreprises - notamment de services professionnels - pourraient s'installer au deuxième étage de ceux qui existent déjà.

Quant à la zone agricole, dont les activités seront préservées et même, si possible, optimisées, «on pourrait faire du développement industriel sur une petite partie, mais ce n'est pas gagné», reconnaît Denis Fafard. Il devient difficile et complexe d'obtenir des changements de zonage. À l'image du changement que veut insuffler la MRC.

«On ne veut pas tout chambouler ni imposer quoi que ce soit», tempère Denis Fafard. La MRC incitera au changement, expliquera et agira quand elle le pourra, en vue de favoriser la création d'un plus grand nombre d'emplois et d'assurer le développement du territoire.

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