Aspirants entrepreneurs : choisir le rêve avant la sécurité

Publié le 22/01/2011 à 00:00

Aspirants entrepreneurs : choisir le rêve avant la sécurité

Publié le 22/01/2011 à 00:00

Il y a quelques années, le magazine français Les Échos - rattaché au quotidien du même nom - dévoilait les résultats d'un sondage sur les aspirations des jeunes Français. La relation souvent malaisée entre la population et le milieu des affaires s'en trouvait une nouvelle fois confirmée : pas moins de 75 % des répondants indiquaient qu'en matière d'ambition professionnelle, ils souhaitaient d'abord et avant tout se trouver un emploi au sein de l'État, dans la fonction publique, l'enseignement ou ailleurs.

Trois sur quatre ! L'entrepreneuriat n'a pas bonne image en France. Et nous sommes quand même un peu français, même si les analyses les plus récentes ne montrent pas ici un engouement aussi fort envers le gouvernement. Les données du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) signalent aussi, année après année, que les jeunes Québécois n'ont pas vraiment le goût des affaires. À ce chapitre, le Québec se situe en queue de peloton au Canada. On nous a longtemps vendu le Québec comme une société " pépinière d'entreprises ", mais si cela a été le cas, on a oublié d'arroser les jeunes pousses. Dans les faits, la relève entrepreneuriale québécoise est mince. La situation risque de se détériorer encore plus, démographie oblige.

Depuis 2010, le taux de renouvellement de la main-d'oeuvre au Québec est passé en territoire négatif. On compte maintenant moins de gens dans la population des 20 à 29 ans - la relève - que dans celle des 55 à 64 ans, qui s'apprêtent à tirer leur révérence. Les nouveaux travailleurs disponibles ne seront pas assez nombreux pour combler les départs à la retraite, indique Le Québec économique 2010, ce remarquable ouvrage rédigé par un collectif de chercheurs sous l'égide du CIRANO.

Avec une relève amoindrie, il sera donc plus difficile de trouver des candidats entrepreneurs. Déjà que la compétition sera rude entre les employeurs pour convaincre les recrues de s'installer chez eux...

À une époque pas si lointaine, on se lançait en affaires par goût ou par obligation. À défaut de trouver un travail satisfaisant, les jeunes pouvaient toujours tenter de " créer leur propre emploi ", ce qui revenait à créer une entreprise. Mais il va y avoir un million de postes à combler au Québec d'ici 2016, et les ouvertures seront plus intéressantes que jamais. Peu d'appelés, beaucoup d'élus !

Ajoutez à ce portrait le fait qu'on insiste plus que jamais sur la qualité de vie. Qui, aujourd'hui, veut se lancer dans une aventure où il faudra travailler 60 heures par semaine en se demandant comment payer ses fournisseurs et ses employés à la fin du mois ? Il faut vraiment avoir la vocation, quand on sait qu'un bon poste de cadre, raisonnablement rémunéré, permet de bien vivre en profitant de nombreuses semaines de vacances payées et d'une gamme d'avantages sociaux, assurances et autres, qui éliminent bien des soucis. Sans compter la fameuse conciliation entre le travail et la famille, problématique lorsque vous devez vous investir totalement dans votre entreprise.

Enfin. Comme si ce n'était pas déjà assez compliqué, on ne donne pas de chance aux aspirants entrepreneurs. Durant notre Tournée du Québec, qui nous a menés l'an dernier un peu partout sur le territoire, nous avons entendu à répétition des histoires de jeunes qui ont dû se débattre comme des diables dans l'eau bénite pour trouver un minimum de financement. Une fois la réussite assurée, toutes les institutions financières leur couraient après. Mais au démarrage, rien. Nada. Si ce n'était des centres locaux de développement, d'organismes communautaires ou de proches prêts à se saigner pour leur donner un coup de main, leur bel élan entrepreneurial aurait été stoppé net.

Il va donc nous falloir affronter la réalité en face et imaginer quelle sorte de Québec nous voulons pour demain. Quelques initiatives originales, comme l'École d'entrepreneurship de Beauce, permettent d'espérer. Mais ce ne sera pas suffisant. Il faut commencer par changer les mentalités des jeunes et des moins jeunes. Faire en sorte que les premiers retrouvent le goût de la création et de la liberté. Et que les seconds les aident au jour le jour. Tout le monde n'est pas fait pour devenir entrepreneur, et tous les entrepreneurs ne peuvent se voir garantir la réussite. Le risque est inhérent aux affaires. Le rêve aussi. Les deux vont de pair. Et s'ils deviennent riches, tant mieux. D'une façon ou d'une autre, leur richesse finira par devenir notre richesse.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Pas besoin de plaindre les Américains

Les dirigeants de l'État d'Illinois entendent augmenter le taux d'imposition des particuliers. Apparemment, la hausse sera raide : 66 % de plus ! Dramatique ? Pas vraiment. Dans les faits, le taux va passer de 3 à 5 %... il était microscopique, il grimpe un peu (suite sur le blogue).

Vos réactions

" Il est vrai que les mots taxes et impôts sont des gros mots aux États-Unis. Avec le Tea Party qui veut moins d'étatisme et Barack Obama qui prolonge les baisses d'impôt des républicains, le dépôt de bilan de certains États n'est pas loin. "

- Olivier M.

" Le prix médian d'une maison aux États-Unis est pratiquement la moitié de celui au Canada, et presque tout y est moins cher. Le revenu disponible y est supérieur et il n'y a pas de taxe fédérale sur les biens et services. "

- pbrasseur

" Les Américains sont moins taxés et imposés, mais ils ont moins de services. "

- YBertrand

rene.vezina@transcontinental.ca

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