Après le BRIC, le TIMBI

Publié le 24/03/2012 à 00:00

Après le BRIC, le TIMBI

Publié le 24/03/2012 à 00:00

Par François Normand

Connaissez-vous le TIMBI ? Non, ce n'est pas un nouveau dessert sucré, mais plutôt un nouveau regroupement de cinq économies émergentes qui risquent de faire ombrage au fameux BRIC. Le TIMBI regroupe la Turquie, l'Inde, le Mexique, le Brésil et l'Indonésie. Leur produit intérieur brut cumulé dépasse déjà celui de la Chine. Leur population est jeune et en forte croissance. De plus, ce sont des régimes démocratiques.

L'acronyme est une création de Jack A. Goldstone, de la George Mason University, en Virginie, tout comme le BRIC est celle de l'économiste Jim O'Neill, de Goldman Sachs. Le TIMBI comprend deux membres du BRIC, le Brésil et l'Inde, qui connaissent un boom démographique, mais pas la Chine et la Russie, dont le bassin de main-d'oeuvre diminuera dans les prochaines années, ce qui réduira leur rythme de croissance économique à long terme.

M. Goldstone soutient que, du fait de leur dynamisme démographique, les pays de son regroupement sont beaucoup plus intéressants que ceux du BRIC pour les entreprises exportatrices. «La population jeune et la forte croissance économique des pays du TIMBI en feront les marchés les plus attrayants du monde pour les nouveaux produits», souligne dans un courriel ce spécialiste en politiques publiques, qui a déjà travaillé à la Banque mondiale.

Petite population deviendra grande

Le TIMBI est toutefois beaucoup moins imposant que le BRIC, tant sur le plan de la population (1,8 milliard d'habitants, comparativement à 2,8 milliards, selon une estimation pour juillet 2012) que du PIB (7 143 G$ US, comparativement à 13 235 G$ US, en 2011), d'après le CIA World Factbook.

Mais Jack Goldstone persiste et signe. Ce qui importe en fin de compte, c'est la croissance démographique, pas le nombre d'habitants.

Dans un essai publié sur le site de Foreign Policy en décembre 2011, il explique que les pays du TIMBI verront leur bassin de main-d'oeuvre croître de 10 à 30 % d'ici 2040. Cela permettra aux entreprises dans ces pays d'augmenter sans problème leur production.

Pendant ce temps, en Chine, les manufacturiers pâtissent déjà d'une pénurie de main-d'oeuvre, paradoxe s'il en est un dans un pays de 1,3 milliard d'habitants... Le grand responsable est le succès de la politique de l'enfant unique, adoptée en 1978. Résultat ? Le bassin de main-d'oeuvre du pays a cessé de croître en 2010 (au Québec, ce phénomène débutera en 2013, selon Statistique Canada). Et d'ici 2040, il aura fondu de 15 % en Chine. Dans le cas de la Russie, on parle d'une contraction de 20 %, selon les calculs de Jack Goldstone, qui s'appuie sur les projections de l'ONU.

Pierre Fournier, analyste en risque géopolitique à la Financière Banque Nationale, partage l'enthousiasme du professeur de la George Mason University pour les TIMBI. Il apporte toutefois un bémol à propos de la Chine, que les exportateurs et les investisseurs canadiens ne devraient pas délaisser trop vite.

«Malgré le déclin de son bassin de main-d'oeuvre, ce pays connaîtra encore une forte croissance économique dans les prochaines décennies, dit-il. C'est un formidable marché d'exportation.»

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