Administrateurs, la relève s'en vient !

Publié le 20/04/2013 à 00:00

Administrateurs, la relève s'en vient !

Publié le 20/04/2013 à 00:00

Maya Azzi est chef de produit chez L'Oréal. Josianne Isabel, conseillère en développement de l'entrepreneuriat à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Alexandre Abécassis, agent de brevets au cabinet Fasken Martineau, et Bernard Dahl, entrepreneur. Âgés de 27 à 37 ans, ils partagent le même désir : se joindre à des conseils d'administration. Et ils cherchent des portes d'entrée.

Ils ont donc suivi la formation «Administrateurs de la relève», quatre modules suivis d'une simulation de CA et d'un examen. Tout cela pour 300 $, une aubaine. La facture pour une formation menant à un diplôme d'administrateur de sociétés s'élève à plusieurs milliers de dollars. Administrateurs de la relève ne mène pas à un diplôme d'administrateur, mais il s'agit d'une première étape. «Cela va contribuer à ma crédibilité», estime Maya Azzi.

Une centaine de Québécois de moins de 40 ans ont postulé pour suivre la formation Administrateurs de la relève. Le jury en a retenu 66. «Les candidats devaient posséder une expérience pertinente et étayer leurs intentions à la suite de la formation», explique Christian Bélair, pdg du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec. Le Regroupement est l'un des organisateurs de la formation, avec la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal et Raymond Chabot Grant Thornton.

Le 12 mars, les étudiants assistaient au module portant sur les ressources humaines. «Être administrateur n'est pas un titre honorifique», lance d'entrée de jeu le formateur, François Massicotte, président du Groupe SFP. Il donne le ton à la soirée. «Nous allons vous enseigner les meilleures pratiques en gouvernance, poursuit-il. Nous comptons sur vous pour influencer les conseils auxquels vous vous joindrez, afin que la réalité s'approche le plus possible de cet idéal.»

Les attentes sont élevées. Trop ? Pas aux yeux des participants. «Si je me joins à un CA, on ne doit pas s'attendre au statu quo, prévient Maya Azzi. Sinon, il ne fallait pas me recruter !»

Elle siège au conseil de la société de développement Destination Centre-Ville depuis décembre 2011. Mais ce n'est pas sa première expérience au sein d'un CA. «À 16 ans, je siégeais à la Fondation du Collège Beaubois, mon école secondaire», raconte la minuscule brunette aux yeux d'ébène.

Un défi de loyauté

Alexandre Abécassis, lui, siège au conseil du Centre de l'entrepreneurship technologique (Centech) de l'ÉTS. Pour lui, la session du 12 mars a frappé dans le mille. Au Centech, il côtoie des entreprises en démarrage, dont le CA compte souvent un représentant de l'investisseur. Cela pose un défi de loyauté.

«Votre allégeance, vous la devez au conseil et non au groupe dont vous êtes issu, prévient François Massicotte. L'investisseur n'est pas au CA pour gérer son investissement. Ses décisions doivent viser le bien de l'entreprise.»

Une discussion animée s'ensuit. Les participants s'interrogent : comment un administrateur peut-il affronter son groupe d'appartenance - qu'il s'agisse d'une firme d'investissement ou de la division locale d'un regroupement national - lorsqu'il a contribué à une décision qui n'est pas favorable à celui-ci ? «Il est normal qu'un administrateur présente au conseil le point de vue du groupe auquel il appartient, répond le formateur. Mais, cela étant fait, au moment de voter, son allégeance doit aller au conseil», répond le formateur.

Comment s'en tirer ? «Je crois qu'un administrateur doit se montrer pragmatique, estime l'entrepreneur Bernard Dahl. Accorder plus d'importance à l'information qu'il possède au moment de la prise de décision qu'à ses liens émotifs ou à ses expériences passées.»

Les relations avec la direction

Parlant de liens émotifs, quel type de relation un pdg et son président du conseil devraient-ils entretenir ? «Sophie Brochu, pdg de Gaz Métro, n'a jamais soupé chez Robert Tessier, président du conseil. Et c'est très bien ainsi», illustre François Massicotte. De bonnes relations s'avèrent essentielles, mais trop de proximité nuit à l'objectivité. Le CA est le patron du pdg, rappelle le formateur. Il cite le contre-exemple de ces présidents qui ont un bureau dans l'entreprise dont ils dirigent le CA. Ou encore de ces pdg dont le partenaire de golf favori est le président du conseil de leur entreprise.

Ces pratiques font sourire les participants. «Ne riez pas trop vite, prévient le formateur. Le jour où vous aurez le réflexe de demander à un ami de siéger à votre CA, vous penserez à cette formation.» Silence embarrassé...

Maillage pour la relève

Les 66 administrateurs de la relève n'en ont pas terminé avec les dilemmes. Mais ils pourront compter sur un soutien pour la suite des choses. Après leur formation, chacun sera jumelé avec un administrateur d'expérience. La CRÉ organisera aussi des activités de maillage avec des entreprises en quête de relève. Et une plateforme en ligne donnera accès aux profils de ceux qui auront suivi le cursus. «Je compte profiter de toutes ces ressources, confie Josianne Isabel qui, après plusieurs expériences de collecte de fonds, se sent prête pour un CA d'envergure.

Ceux qui sentent le même appel peuvent postuler à la prochaine session Administrateurs de la relève de l'automne 2013. Trois cohortes sont prévues : à Montréal, à Québec et en ligne.

«Votre allégeance, vous la devez au conseil et non au groupe dont vous êtes issu. L'investisseur n'est pas au CA pour gérer son investissement. Ses décisions doivent viser le bien de l'entreprise.» - François Massicotte, formateur

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